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Marseille
On trouve dans la relation incestuelle mère-fils les mêmes symptômes que dans la relation incestueuse à l’exception du passage à l’acte physique. L’inceste ne se limite pas au viol génital. Il existe tout ce que l’on a coutume de regrouper sous le terme « climat incestueux » c’est-à-dire toute une série de comportements (gestes, attitudes) qui provoquent chez l’enfant ou l’adolescent malaise et angoisse sans qu’il puisse situer la cause de son mal-être. Certaines situations ambigües sont tout aussi destructrices et la victime ne peut mettre des mots sur sa souffrance. Ces « climats incestueux » ou « relation incestuelle » (pour reprendre le terme de Racamier) sont extrêmement destructeurs par leur caractère flou et imprécis. L’enfant et l’adulte, plus tard, ne peut donc pas dire « on m’a fait ça ».
On peut faire la même différence entre la violence physique et la violence psychologique. Dans la violence psychologique, il y a tous les germes de la violence (harcèlement, dénigrement, destruction du psychisme de l’autre, manœuvres de culpabilisation systématique du « bourreau » pour se dédouaner de ses actes, emprise, chaud/froid, alternance phase de séduction/terreur) à l’exception de l’acte physique.
Ainsi, dans l’aspect psychologique de ces rapports de maltraitance et d’écrasement de l’autre, les victimes ne peuvent réaliser la malveillance dont elles sont l’objet puisque que tout est fait de façon insidieuse et par des personnes supposées les aimer.
Les mères incestuelles ont souffert de carences affectives, de blessures d’abandon et de rejet, sont "insécures", et vont en conséquence reporter tous ces manques sur leur fils qui est, dès la naissance, conditionné et condamné à être responsable du bonheur de leur bonheur. La mère est terrorisée à l’idée de se retrouver seule et va donc utiliser son enfant pour compenser les manques de sa vie. Elle ne le laissera pas se « séparer » d’elle.
Les pères sont souvent absents de par leurs responsabilités professionnelles ou leur décès prématuré dans certains cas, et la mère prend la responsabilité quasiment exclusive de l’éducation de l’enfant dans laquelle le père s’immisce peu ou pas. Alors, se noue une relation exclusive mère-fils. Lors de sa phase oedipienne, au cours de laquelle, symboliquement, le fils veut prendre la place du mari et « tuer » son père, il est de la responsabilité de ce dernier de prendre sa place d’époux pour rendre à son fils celle de l’enfant et à sa femme celle de la mère.
Comme il ne le fait pas, la fusion se maintient et se renforce entre la mère et le fils. Ce dernier est souvent un fils unique ou le garçon unique d’une fratrie. Le mari étant absent, la mère place son fils dans le rôle d’époux. La mère confie à son enfant des émotions qu’il ne peut pas porter , il devient son confident et il finit par se sentir responsable du bonheur de sa mère. D’ailleurs, en grandissant, ces fils vont développer un « complexe du rédempteur » et pourront être attirés pas des femmes "à problèmes" pour les sauver comme ils essaient de sauver leur mère. Ils pourront même se battre pour ces femmes contre l’avis de la mère mais comme aucune femme ne peut accepter une relation triennale sans se détruire, c’est voué à l’échec. La bataille est perdue d’avance et le couple finit par se séparer (le fils donnant ainsi inconsciemment raison à la mère). Le fils sort épuisé de cette relation victime-sauveur et souhaite, par la suite, rencontrer une femme autonome et indépendante. C’est là que vont apparaître les problèmes. Ce type de femmes n’hésitera pas à mettre son conjoint face à la complexité de sa relation avec sa mère et au lieu de mobiliser leur énergie à gérer les problèmes d’une autre, ces hommes vont se retrouver confrontés à leurs propres difficultés.
Cette relation fusionnelle et exclusive est une catastrophe pour la construction de la vie amoureuse du fils devenu adulte. La mère, occupant toutes les places (mère, amie, épouse symbolique), ne supporte pas qu’une autre femme prenne sa place dans le cœur de son fils et ce dernier ne peut aimer librement une autre femme sans avoir le sentiment de trahir sa mère. Il a toujours l’impression de devoir faire un choix entre sa mère et sa conjointe et c’est une souffrance permanente pour lui. La mère ayant quelques années d’avance sur la conjointe va, presque toujours, remporter la victoire. Elle trouvera un moyen de dénigrer ouvertement ou non la conjointe et va manipuler son fils, le conditionner jusqu’à ce que la culpabilité devienne tellement douloureuse qu’il préfère maintenir la fusion avec la mère et éliminer la conjointe. Mais cette castration le détruit progressivement. Cette opération de sabordage a commencé dès sa naissance. Il se dit qu’il n’a qu’une mère et qu’il peut rencontrer d’autres femmes, que sa mère a tout sacrifié pour lui alors il a le devoir de ne pas la contrarier et de rester ainsi le fils idéal. La dette est impossible à éteindre pour lui. Il pense qu’il y aura bien une femme que sa mère acceptera et qu’il aura « l’autorisation » d’aimer mais ceci est illusoire !!!! Aucune ne trouvera grâce (à une exception près et temporairement mais nous y reviendrons plus loin). Le fils aimerait maintenir une relation tripartite mais aucune conjointe ne peut accepter cela et la mère n’acceptera aucune autre femme.
Que dire de cet homme qui a baissé les yeux, lorsque son amie se faisait exécuter sur la place publique par sa mère, pour ne pas voir l’injustice. Et lorsque son amie, écrasée par tant de malveillance, a essayé de se défendre, le fils a relevé les yeux pour l’écraser davantage parce qu’elle avait osé bafouer l’autorité de la reine-mère. Et de ce week-end que ce même homme est allé passer avec ses parents quelques jours après cette scène (l’amie ayant refusé de venir pour se protéger) et qui est revenu tellement lobotomisé et conditionné qu’il a envoyé un mail à son amie pour l’informer que s’il avait agi ainsi, c’est qu’il ne l’aimait pas. Ce couple avait fait des projets de vie en commun, de vacances, d’avoir un enfant peu avant tous ces événements. Ces fils ne sont que des marionnettes entre les mains de leur mère qui réussissent à les convaincre que ce sont eux qui prennent la décision.
La mère tient le « phallus » de son fils et s’en sert contre la conjointe pour lui montrer que, symboliquement, il lui appartient. La conjointe vit cette intrusion de façon très violente et peut même ressentir ces actes de malveillance comme un « viol ». Ces fils sont complètement sous emprise et les mères les ont programmés dès l’enfance à être à leur disposition et dans l’impossibilité de se rebeller de peur de perdre la relation. Ils vont même jusqu’à déformer la réalité afin de dédouaner leur mère de ses actes et de les faire porter à la conjointe qui en devient responsable. Ils vivent dans une culpabilité permanente. Le malheur, dans tout ce mécanisme de castration et de domination, c’est que ces mères sont incapables d’aimer leur enfant en tant que « sujet ». Elles l’aiment en tant qu’objet, une « chose » qui leur appartient, une possession. Peu importent les envies et les besoins du fils, peu importe son bonheur !!!! Ce qui compte, c’est elles !!!! C’est que le fils reste à disposition pour combler une solitude annoncée par la vieillesse, la maladie et le décès du mari. Tous ces mécanismes sont inconscients mais malheureusement bien réels. Le fils, sous emprise, ne peut réaliser qu’une personne supposée l’aimer et qu’il aime inconditionnellement, puisse nuire à sa vie. Un enfant restant toujours fidèle à sa mère et ne voulant pas la décevoir, pliera et la dédouanera de tout. Sauf qu’il s’agit maintenant d’un adulte. Tous ces comportements sont pulsionnels de la part du fils. Contrairement à sa mère, il n’est pas pervers et ne prend pas plaisir dans la souffrance de l’autre. Il est tiraillé et ne voit pas d’autres options que de faire un choix fatidique entre sa femme et sa mère.
Lorsque le fils, arrivé en milieu de vie, aura sacrifié plusieurs femmes sur l’autel de la mère, cette dernière réalisera qu’elle veut être grand-mère. Alors elle feindra d’accepter une de ses belles-filles (l’exception évoquée précédemment) qui remplira le rôle de génitrice. L’erreur pour les conjointes victimes de leur belle-mère est de croire qu’un enfant changera la donne et renforcera leur position. Cela va, au contraire, faire empirer la situation et accélérera leur chute.
Car une fois l’enfant né, la mère recommencera ses agressions, de façon plus virulente, sur la conjointe pour l’évincer. Elle sera critiquée en tant que femme, que mère et le bon fils continuera, au mieux, à fermer les yeux, au pire, à prendre partie pour sa mère dénigrant ainsi sa femme et la mère de son enfant. Il est dans l’incapacité totale de penser au bien-être de son enfant. Il est poussé par une force qui le condamne à maintenir, à tout prix, la relation avec sa mère.
Toute tentative de communication avec lui sur ce sujet est vouée à l’échec. Il ne peut pas entendre. Il tentera, au contraire, d’imputer à sa femme les actes de malveillance de sa mère. Il est sous emprise et les personnes sous emprise ne voient pas qu’elles le sont. Le déni est leur meilleure arme.
C’est comme essayer de convaincre un membre d’une secte qu’il est sous la domination d’un gourou. Pour les personnes extérieures au système, cela est une évidence mais pour lui ce sont elles qui tentent de briser ce lien qui sont nuisibles. La personne sous emprise ne peut pas accepter qu’une autre supposée lui vouloir du bien soit malveillante. Sauf que dans la relation incestuelle, ce mécanisme a commencé à la naissance.
La conjointe peut tomber en dépression à force d’épuiser son énergie à prendre sa place de mère, de femme et de se justifier en permanence face aux procès d’intention dont elle fait l’objet. Elle s’épuise à essayer de faire voir la réalité à son conjoint.
L’objectif, pour la mère, est d’évincer la conjointe, de récupérer son fils et la progéniture de ce dernier et ainsi former un couple symbolique mère/fils avec leur enfant à élever.
Tel l’exemple de cette femme qui, après de dix ans de mariage, de belle-mère intrusive et un enfant a terminé en dépression et a fini par demander le divorce dans l’indifférence totale de son conjoint qui ainsi maintenait sa relation fusionnelle avec sa mère et restait un bon fils.
Ensemble, la mère et le fils élevaient l’enfant, allaient au théâtre, au restaurant, partaient en vacances ensemble, s’occupaient de la scolarité et des activités extra- scolaire de cet enfant symbolique. La mère et le fils faisaient tout comme une famille père/mère/enfant…. sauf le sexe. Ces mères là sont des séductrices et des manipulatrices. Le fils représente la jeunesse ; former un couple avec lui valorise leur narcissisme et la relation asexuée n’a que des avantages pour elles. Et tous les deux élèvent l’enfant tel un couple.
Les blogs regorgent de ce type de témoignages. Que la relation dure un an, deux ans, dix ans, qu’il y ait un enfant ou non, la mère remporte presque toujours la victoire. Ce n’est pas une question d’intensité de sentiments : à défaut de ne pouvoir aimer la conjointe, faute de place, ces hommes aiment leur enfant. Et malgré cela, ils restent englués dans ce mécanisme destructeur emportant tout sur son passage, pour préserver le bien-être de leur mère et ainsi les alléger de leur culpabilité.
Du fait de la castration de la mère, le fils finit par avoir des problèmes d’ordre sexuel de type impuissance ou impossibilité à éjaculer. Il n’existe plus en tant qu’homme. Il peut même devenir homosexuel tel cet homme qui, après avoir présenté plusieurs femmes de valeurs à sa mère, toutes rejetées en bloc, a fini par se tourner vers les hommes faute de place pour une femme.
Comme précisé précédemment, le père est peu ou pas présent et peut-être est-il déjà décédé, alors la mère voudra s’installer avec son fils en jouant sur les airs de solitude, maladie, vieillesse pour le culpabiliser encore et toujours. Ils vont vivre ensemble car il ne peut rien refuser à sa mère.
Quel espoir y-a-t-il pour ces fils devenus adultes ?
Le plus facile serait (malheureusement) que la mère décède, quand il est encore temps pour eux de faire leur vie, afin qu’ils soient libérés de l’emprise car ces hommes ont, au demeurant, toutes les qualités pour être de bons conjoints et de bons pères. Mais la mauvaise graine est tenace. Elle s’accroche à la vie des autres pour survivre et elle n’hésite pas à tuer cette vie.
D’autres se rendent compte assez tôt, au cours de leur croissance, du comportement ambigüe de la mère, de l’étouffement et de la manipulation dont ils font l’objet. Lorsqu’ils doivent quitter le foyer, ils coupent tout contact d’ordre émotionnel avec elle afin d’éviter l’intrusion (l’éloignement physique uniquement est inutile).
Quelquefois, seuls au milieu de leur vie, après avoir perdu plusieurs femmes, il peut y avoir un déclic qui les pousse à couper avec la mère ou à entamer une psychothérapie pour s’affranchir de l’emprise et de la culpabilité et poursuivre un processus d’individuation qui n’a pu être achevé. Car, au final, la question n’est pas : « qui choisir entre ma mère et ma femme ? » mais « quels sont les moyens que je me donne pour construire ma vie d’adulte sur de bonnes bases ? ».
Mais les cas exposés ci-dessus sont rarissimes.
En espérant ce cheminement, que de femmes aimantes et de valeurs sacrifiées sur l’autel de ces mères castratrices, perverses et sans amour qui n’ont d’autre but que d’avoir quelqu’un à disposition pour les prendre en charge toute leur vie ? Sans compter la transmission de ce fardeau à la progéniture du fils qui n’aura rien demandé ??